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  Submersion.1.
 

SUBMERSION

I.             DEFINITION
La submersion est une forme médico-légale de l’asphyxie. On entend généralement par submersion la pénétration d’un liquide  dans les voies respiratoires en lieu et  à la  place de l’air habituel. II en résulte une asphyxie complexe, à la fois atmosphérique et mécanique.

II.              FORMES MEDICOLEGLES

 Submersion accidentelle:

Est fréquente, dont sont victimes les personnes ne sachant pas nager ou les individus ivres.
Peut Résulter des circonstances plus exceptionnelles : chute de voiture, d’ouvrier dans un bac d’huile, noyade en baignoire.
     Submersion suicidaire:

Est la deuxième cause de suicide, employé de préférence par les hommes.
 Submersion criminelle:
- C ‘était l’infanticide

- qui réalisait, la plupart des submersions meurtres par précipitation.
- s’accomplit par surprise (par bousculade).
- Ou bien en deux temps en assommant d’  abord la victime par des coups portés à la tête.
- Ou en jetant délibérément un homme à l’eau.
- L ‘immersion d’un cadavre peut être utilisée pour dissimuler un homicide.

III.            Physiopathologie
Deux catégories de noyés sont à considérer:
-Les noyés bleus: cyanose de la face et des oreilles.
-Les noyés blancs : face pale.

 


           a. La submersion-asphyxie dite primitive « noyade vraie ».

ü    Les phases de la submersion-asphyxie ;

1.    au contact de l’eau froide, aspiration profonde de l’air

2.     d’une apnée volontaire de courte durée (50 secondes),

3.     dyspnée expiratoire réflexe d’origine centrale ou laryngée, perte de connaissance, envahissement des voies respiratoires par l’eau.

4.     Convulsions asphyxiques généralisées.

5.     Apnée agonique terminée par une grande inspiration finale, le cœur bat pendant 2-3 minutes,

6. la mort.

ü  Le mécanisme de la submersion-asphyxie ;

Le mécanisme de la mort est assez complexe:

1-Aspiration de l’eau au moment des inspirations réflexes asphyxiques;
2-pénétration en trombe de l’eau dans les bronches;
3-choc alvéolaire, déchirures pariétales, apparition de l’emphysème hydro-aérique des poumons;
4 -formation intra bronchique de I’ écume par brassage de I’ air, de l’eau et de la sérosité sanguine;
5-reflux, dans les cavités droites du sang arrêté par la barrière pulmonaire aqueuse et œdémateuse;
6-reflux du sang dans le système porte et le foie congestionné passivement;
7-arrivée dans l’estomac de l’eau déglutie.

                    b. La submersion-inhibition ; Dite secondaire.
Ce sont des individus qui ont trouvé la mort dans l’eau, sans se «noyer » réellement ; il s’est produit brusquement une syncope mortelle déclenchée par:

§       Le contact brusque de la peau, des muqueuses, de I’ appareil vestibulaire avec l’eau froide 

§         c’est  « hydrocution »

§  La sensibilité réflexe exagérée à l’eau froide s’observe chez certains individus prédisposés; digestion, choc anaphylactique, l’effort musculaire intense, l’exposition prolongée au soleil, I’ émotion et la peur favorisent l’accident.

         IV.DIFFERENTES VARIETES DE NOYADE.

ü La submersion en eau douce ; qui est hypotonique par rapport au plasma passe par osmose dans des alvéoles.

ü La submersion en eau de mer ; L’eau de mer, hypertonique, conduit à des phénomènes opposés. C’est le plasma qui, ici du fait de l’hypertonicité intra-alvéolaire passe la membrane alvéolo-capillaire et envahit les alvéoles, véritable « noyade interne ».

Ainsi apparaissent un œdème pulmonaire aigu, une hémoconcentration rapide, une hypo volémie avec chute des pressions artérielle et veineuse.
Cette noyade n’entraîne donc ni hémolyse ni hyperkaliémie, ni fibrillation ventriculaire. L’arrêt cardiaque se fait ici par troubles de la conduction et inefficacité cardiaque progressive, entre la 6e et 8e minute de submersion.

 

 

 

 

 

 

 

 


 V.DIAGNOSTIC MEDICO-LEGAL.


                                NOYE FRAIS
A. Définition:
On entend par noyé frais un noyé dont le bref séjour dans l’eau n’a pas entrainé de modification importante et qui, en particulier, reste physiologiquement identifiable.

 

 

 B. Constatations nécropsiques

 

  B-1. Examen  externe  du cadavre ;

 

a.  L’identité du cadavre ; est possible.

a. Cyanose
La face, est violacée ; les conjonctives sont hyperhémies, quelquefois ecchymotiques. Cette cyanose marquée sur le visage (noyé bleu) mais s’étendant sur tout le corps n’est que le signe de l’asphyxie aigue et n’est donc pas spécifique.

 

b. Champignon de mousse                                                                                                                                             -C’est une spume apparaissant au niveau de la bouche et du nez, blanche, légère et tenace, faite de petites bulles irisées avec des stries rosâtres. Elle se continue dans la cavité buccale, les voies respiratoires, et la compression du thorax provoque son issue par ces orifices.
-Apparaît deux ou trois heures après l’extraction du cadavre hors de l’eau.                                                                                                       -le champignon de mousse constitue un signe  décisif de submersion vitale. Mais il peut manquer dans la mort rapide du fait de la brièveté ou de l’absence du processus de mixage. D’autre part, il n’est pas spécifique de la noyade, tout œdème pulmonaire aigu pouvant lui donner naissance.

 

c.  Peau « ansérine »
-La peau « ansérine» (ou chair de poule) considérée jadis comme un signe de submersion vitale,                                                                                              -est due à la rigidité des muscles horripilateurs. L’intérêt de ce phénomène cadavérique est de permettre de fixer l’heure de la noyade, soit 6 à 7 heures au maximum. Il en est de même de la rétraction des organes génitaux.

 

d.    Écorchures du front et des mains
Elles sont dues au «panting » agonique et constituent donc un bon signe de submersion vitale, (la macération des mains et des pieds est constante).

 

e.    Les lividités ; sont en général plus pales que sur un cadavre normal (hémodilution).

 

f.     La tonicité des globes oculaires : est conservée.

 

g.    Des lésions traumatiques : se rencontrent parfois au crâne, au front, aux sourcils, sur le dos de nez, aux coudes ; ce sont des érosions, des contusions ecchymotiques,  des plaies produites au moment de la chute dans l’eau ; d’autre localisées aux mains, proviennent suite à des convulsions agoniques.

 

B-2.  Autopsie proprement dite

Dès les premières incisions apparaissent l’aspect lavé des viscères et une nette fluidité du sang, non spécifique de la noyade et le propre des asphyxies en général.
Il reste que la fluidité du sang est remarquable dans la noyade, où le sang s’écoule des vaisseaux sans jamais présenter de caillots.

                   a.      Crâne

Une congestion intense s’étend en général à la partie profonde du cuir chevelu. Sa prédominance au niveau de la nuque et l’aspect quelquefois ecchymotique posent de difficiles problèmes médico-légaux que l’examen histologique peut aider à résoudre.
L’encéphale montre une congestion diffuse avec réplétion importante de tous les sinus veineux. Cet aspect est celui des asphyxies mécaniques violentes.

               b.      cou et Thorax
Zone d’impact de la noyade, l’appareil respiratoire présente un ensemble lésionnel caractéristique.

o     L’épiglotte est le siège des taches de Paltauf.

o     La paroi thoracique : des ecchymoses ou hématomes spontanés dans les sterno-cléido-mastoïdiens, les scalènes, les muscles intercostaux ne sont pas rares.

o     Le larynx est constamment congestif, son intégrité doit être soigneusement vérifiée. Des fragments alimentaires sont souvent retrouvés à son niveau.

o     La thyroïde présente une congestion diffuse avec suffusions hémorragiques comme dans toute asphyxie mécanique violente.

o     Les poumons :

§      On peut distinguer trois types schématiques de lésions pulmonaires : I’hyperhydrie, l’hyperaérie, l’hyperhydroaérie.

·      L’hyperhydrie (ou emphysème aqueux de Brouardel) les poumons sont gorgés de liquide, lourds, distendus et œdémateux.

·      L’hyperaérie réalise un aspect léger, soufflé, crépitant et sec, les poumons donnent ici l’impression de coussinets pneumatiques bombant hors du thorax.

·      L’hyperhydroaérie: état intermédiaire. C’est le plus fréquent. Il associe les aspects précédents en proportion variable et réalise un aspect de poumon imbibé avec sur la corticalité de multiples bulles d’emphysème sous-pleurales, minuscules et égales

§      Les ecchymoses sous-pleurales dites de Paltauf, brunâtres réalisent lorsque les poumons ont une couleur pâle, un aspect tacheté «  peau de panthère » On considère ces ecchymoses sous-pleurales comme peu fréquentes au cours de la noyade.

§      Les bronches apparaissent vides lors de la dissection. Dans le film liquidien qui recouvre la face interne, on trouve quelquefois des particules de sable, de vase ou de mazout, voire des algues (en cas de submersion dans un liquide autre que l’eau, cette substance ne peut évidemment pas manquer : huile par exemple). L’existence des éléments figurés (algues, sable, etc.), plus loin que les bronches de deuxième division, permet d’affirmer la submersion vitale.

o     Les plèvres : les épanchements y sont quasi constants pouvant atteindre 500 ml. Leur importance est proportionnelle au degré d’inhibition pulmonaire et c’est donc dans l’état d’hyperhydrie que leur volume est maximum (ces épanchements seraient le cas échéant, facile à différencier de ceux des pleurésies séro-fibrineuses par leur caractère aqueux, leur bilatéralité et l’absence de lésions causales).
La valeur de l’épanchement pleural en tant que signe de submersion vitale n’est pas absolue. Un passage post morterm dans l’eau est en effet possible après un séjour prolongé en profondeur.

o     Le cœur : un épanchement péricardique est presque constant, pouvant atteindre une cinquantaine de centimètres cube.

§      Au niveau de l’épicarde on note souvent de petites ecchymoses.

§      L’augmentation de volume du cœur droit (à la recherche de signes d’insuffisance ventriculaire) d’appréciation difficile. La présence de sang dans le cœur droit ainsi que dans les veines caves,

§      Alors que les cavités gauches sont le  plus souvent vides est un signe d’insuffisance ventriculaire droite.   

§      Une congestion myocardique diffuse est quelquefois visible.

 

 


d.      Cavité abdominale

o     L’estomac : classiquement l’estomac du « noyé vif » contient de l’eau. En fait, l’eau peut manquer.                                                                       - La valeur diagnostique de l’eau dans l’estomac paraît inversement proportionnelle à la durée du séjour dans l’eau, celle-ci pouvant emplir l’estomac d’un cadavre immergé à condition que la profondeur soit suffisante.                                                                                                - D’autre part, cette eau peut être une eau de boisson (ou introduite par intubation),
- L’eau dans l’intestin grêle est sans doute plus significative, mais avant la phase putréfiée active (qui relâche le pylore). Mais il faut souligner la rareté des noyades gastro-intestinales qui se manifesteraient à l’autopsie par une réplétion totale de l’estomac, avec distension, voire déchirure.
- La présence d’aliments est fréquente au cours des submersions-inhibition ;                                                                                                        - La muqueuse gastroduodénale ne présente pas de lésion caractéristique ;                                                                                                                       - Un piqueté hémorragique se voit souvent en cas de noyade en mer.

o     Le pancréas n’est le siège d’aucune lésion macroscopiquement appréciable.

o     Le foie : ses lésions sont caractéristiques.

§      le foie se détache et apparaît comme une tache noire violacée, débordant les côtes et tranchant nettement par sa teinte sur le rose des autres organes : on a l’impression, à la vue, d’une hypertrophie nette de l’organe.

§      La palpation donne une sensation de tension de la capsule de Glisson. Le poids du foie, même en l’absence de toute lésion pathologique du parenchyme, dépasse le poids habituel de l’organe de plusieurs centaines de grammes. La coupe laisse sourdre un sang noir, liquide, qui s’échappe des sinus distendus ; ce sang coule sur la table d’autopsie en faisant de larges coulées de cc.

§      La physiopathologie explique cet aspect macroscopique: insuffisance ventriculaire droite aigue par barrage de la circulation pulmonaire associée à la pénétration de l’eau dans le sang et dilution de celui-ci.

o     La rate ne présente pas de lésions macroscopiquement décelables.

o     Les reins sont comme le foie, d’une coloration rouge violacée par congestion diffuse. Celle-ci prédomine au niveau de la corticale. Des hémorragies punctiformes sont fréquentes.

o     Les surrénales ne présentent pas de lésions caractéristiques.


B.3.Examens complémentaires

a. Radiographie :

- Du larynx permet de visualiser les fractures.

- A la recherche d’un corps étranger de type projectile d’arme à feu dont la porte d’entrée peut être un orifice naturel.

b. La recherche de plancton

Sont des très fine corpuscules solides de nature minérale, organique ou végétale ; ces particules passant des poumons dans le sang avec l’eau qui les charrie ; retrouvés sur le cadavre doivent correspondre à ceux observés sur l’eau de la noyé.

c. Etude histologique 

Ø     Étude histologique du poumon
Un ensemble histologique est assez constamment retrouvé chez le noyé, fait d’emphysème, d’hémorragies alvéolaires et péri bronchiques et d’alvéolites diverses.

o           Sous le nom d’emphysème : il faut entendre de grandes cavités vésiculaires où s’épanche l’air. Il ne s’agit pas en effet d’emphysème vésiculaire au sens où l’entendent les anatomopathologistes, car il n’y a rien ici de comparable à la désorganisation parenchymateuse qui est le fait de l’emphysème maladie.

o           Il n’y a rien de comparable dans la submersion vitale, et il vaudrait peut-être mieux parler de « pseudo-emphysème aigu traumatique» (Dérobert, Hadengue, Caroff et Breton).

o           L’examen précoce après la mort de sujets repêché dans les quelques minutes a permis d’étudier la chronologie des lésions pulmonaires. Il semble que la lésion élémentaire la plus précoce au cours de la submersion vitale soit l’emphysème.

o           L’emphysème peut en effet représenter la seule lésion visible en certains points du parenchyme pulmonaire et alors même qu’aucune autre lésion n’a eu le temps de se créer. C’est donc bien une lésion initiale.

o                        Il y a bien en effet rupture des cloisons inter-alvéolaires et d’autre part arrachement du collet alvéolaire (ou bourrelet) de sa zone d’implantation sur le canal alvéolaire ce processus généralisé à l’ensemble des deux poumons, et généralement retrouvé sur toutes les coupes, est d’un degré très variable en intensité d’un cas à l’autre et d’un point à l’autre sur le même cas.

o           Des lésions d’atvéolite. Celle-ci peut être hémorragique.

 

Une autre limitation importante de ce diagnostic microscopique est qu'il se révèle généralement impossible dans le cas de cadavres putréfiés.

o           Histiocytes ; leur valeur diagnostique est liée à leur nombre, ils siègent prés des de l’emphysème hydro-aérique.

 

Ø     Des autres viscères ;

1 .Cerveau : congestion et œdème.

2. Cœur : congestion diffuse au niveau des capillaires.

3 .Foie : congestion et hémorragie parenchymateuse, on peut distinguer 3 type de lésions ; congestif, dégénératif, mixte.

4 .Rate : souvent anémique.

5. Reins : hémorragies étendues.

6. Surrénales : déplétion lipoïde.

 

 

 

 

            d. Hémodilution 

 

L’hémodilution ne constitue pas un signe pathognomonique de la submersion vitale. Elle est fonction de la durée de l’activité cardiocirculatoire lors de la noyade et tous les intermédiaires peuvent donc se voir entre la noyade par syncope dans l’eau et la noyade à durée maxima.
Dans le premier cas, il n’existe ni signe autopsique ni hémodilution.

Dans l’autre cas, l’autopsie suffit au diagnostic. La multiplicité des facteurs pathologiques en cause, fait cependant que l’on peut voir des poumons hyper hydriques sans hémodilution et des poumons hyperaériques avec hémodilution.

                             NOYE PUTREFIE


      1. Définition:
Il peut s’agir d’un noyé avant séjourné longtemps Dans l’eau, ou un
noyé frais repêché mais abandonné quelques heures sur la berge.

2. constatation nécropsique:

2.1. Examen externe du cadavre

2.1.1. Identification du cadavre ;

Peut être difficile car les noyés sont rapidement rendus méconnaissables.

o      Les vêtements, le contenu des poches, les bijoux peuvent reconnaître un individu;

o      Cicatrices, tatouages, déformation, amputation…

o      La dentition, les cheveux, la barbe…

o      Empreintes digitales, ADN.

o      on devra, à tout le moins, déterminer la taille l’âge le sexe et la race.

B.   La face

- Boursouflée « tète de nègre », n’est plus identifiable. Réseau veineux superficiel de « la circulation posthume »

- Traits deviennent bouffis, tuméfiés, versant  les  lèvres.

- Phlyctènes et vastes décollements épidermiques complètent ce tableau.

- Les yeux ne sont pas affaissés comme dans la putréfaction à l’air libre mais tendus par les liquides et font saillie entre les paupières « œil de poisson » d’autre part, ils ne présentent pas la tache noire scléroticale
- Une phosphorescence nocturne de ces cadavres est possible due à l’action des bactéries luminescentes.

C. corps :

Tout le corps est soufflé, noirâtre, le ventre est distendu par le gaz.

D. Quelques repères approximatifs quant à l’ancienneté du cadavre


- Fin du 1er mois l’épiderme de la plante des pieds et de la paume des mains, blanchâtre et ridée, se détache d’un bloc «  doigts de gants »

- Entre le 2ème et le 3ème mois, les graisses se transforment en adipocire gorgée d’eau. Après un an environ, tous les membres sont atteints par ce processus
- Vers le 4ème mois, au niveau des cuisses apparaissent, par un processus endogène, des incrustations calcaires
- Entre le 4ème et le 5ème mois, le cuir chevelu est détruit laissant le crâne à nu. Soumis à diverses agressions mécaniques (courants, poissons, oiseaux, chocs divers) le corps est ensuite plus ou moins démembré et détruit.

 

 

E. Les lésions de charriage :

Après la noyade, le cadavre (dont la densité est restée de l’ordre de 1,1) emporté par le courant tombe au fond de la rivière. Sur le fond, où le courant est plus faible, il s’immobilise puis progressivement, la putréfaction l’allège et le fait « décoller», tandis que 1e courant l’entraîne à nouveau.
C’est au cours du charriage que se produisent les lésions de frottement sur le fond de la rivière :

o      chez l’homme, front, face dorsale des mains, genoux et pieds occiput,

o      chez la femme ; qui se trouve courbée dans le décubitus dorsal, l’usure se produit a l’occiput, aux fesses et talons.

 Cette topographie, en rapport avec des positions différentes dans l’eau du fait de la répartition des masses graisseuses, est donc inconstante. Dans tous les cas, tête et membres pendent, laissant en quelque sorte le tronc qui seul flotterait sans doute grâce aux gaz de ses viscères creux. Il en résulte souvent au niveau du cou une hypostase importante, à distinguer des lésions de violence.

F. Les plaies de charriage

Elles ont pour autres caractéristiques d’être des plaies à bords mâchés, taillés en pente douce, apparaissant immédiatement comme des lésions d’usure sur le fond de la rivière. Comme toute plaie post mortem, elles ne présentent pas d’ecchymoses.
A ces lésions de charriage peuvent s’ajouter de petites lésions cutanées réalisées par les morsures des animaux aquatiques


2.2. Les examens complémentaires

 

 a. La radiographie

o      Du larynx permet de visualiser les fractures.

o       La recherche d’un corps étranger de type projectile d’arme à feu dont la porte d’entrée peut être un orifice naturel.

o      La panoramique dentaire permet d’identifier le cadavre.

                   b. Constatations biophysiques

Basées sur des mesures comparatives cœur droit/cœur gauche de la densité du sang, de son point de congélation (= delta cryoscopique) ou de son os molarité. Ces procédures ne constituent qu'un autre moyen pour tenter de mettre en évidence une hémodilution ou une

Hémoconcentration en rapport avec les phénomènes osmotiques de la noyade. Il s'agit de méthodes obsolètes abandonnées par la plupart des équipes.

                   c. Constatations limnologiques (diatomées)

 

Les diatomées sont des algues unicellulaires, microscopiques, appartenant à la classe des Diatomophycées (environ 300 genres et plus de 10000 espèces), elle-même subdivisée en 2 sous-classes :

o      Pennatophycidées ou diatomées pennées (symétrie bilatérale, présence d'un raphé ou pseudoraphé médian) ;

o      Centrophycidées ou diatomées centriques (symétrie radiale, absence de raphé ou de pseudoraphé).

Les diatomées présentent la particularité constante de posséder une membrane externe appelée frustule ; de nature siliceuse, cet exosquelette est très résistant aux acides, à la chaleur ou à la putréfaction (il est en revanche détruit par les bases fortes).

o      Absolument ubiquitaires dans l'environnement (on les trouve aussi bien dans les océans que dans les eaux douces de surface, courantes ou stagnantes),

o      les diatomées présentent des exigences Environnementales et nutritionnelles très variables d'une espèce à l'autre ; la conséquence en est que l'on ne retrouve pas la même flore diatomique en 2 points d'un même cours d'eau séparée de quelques kilomètres, ni entre deux étangs voisins, ni au même endroit mais à 2 périodes différentes de l'année.

o      l'utilisation des diatomées pour le diagnostic de la noyade vitale est désormais bien codifiée et consiste en une identification comparative, qualitative et quantitative, des diatomées dans les prélèvements cadavériques et dans des échantillons de l'eau d'immersion. Cette méthode repose sur le fait que l'inhalation massive du milieu d'immersion fait pénétrer dans les poumons un grand nombre de diatomées présentes dans ce milieu ; la rupture des parois alvéolaires conduit ensuite un certain nombre de diatomées à passer dans le flux sanguin, qui les véhicule vers d'autres organes plus profonds.

 

La première étape de la procédure consiste en un prélèvement rigoureux des échantillons à analyser :

o      les prélèvements hydriques sont à effectuer sur les lieux de découverte du cadavre (ou sur le lieu d'immersion si celui-ci est connu

o      les prélèvements tissulaires effectués lors de l'autopsie, comprendront des échantillons de poumon (droit et gauche), foie, rein, encéphale et moelle osseuse. Il est fondamental de rechercher les diatomées non seulement au niveau du parenchyme pulmonaire mais aussi au sein d'autres tissus et viscères, leur présence à ce niveau attestant du fait qu'au moment de son immersion la victime présentait encore une activité hémodynamique.

 

La seconde étape est celle de la préparation des échantillons, qui vise à isoler les diatomées contenues dans les milieux analysés.

 

1°) Une approche à la fois qualitative (correspondance entre les espèces identifiées dans les tissus de la victime et celles trouvées dans l'eau d'immersion) et quantitative (fixation d'un seuil de positivité : l'analyse est considérée comme concluante si elle permet d'identifier 20 diatomées dans 100 μl de sédiment obtenu à partir de 2 g de poumon et 5 diatomées dans 100 μl de sédiment obtenu à partir de 2 g d'un autre tissu).

 

2°) Une élimination des faux positifs : éviction des sources de contamination (technique autopsique, verrerie, filtres, réactifs...), identification taxonomique précise pour écarter les diatomées aérophiles ou fossiles.

 

3°) Une surveillance continue de la flore diatomique locale, basée sur la réalisation d'analyses systématiques, répétées plusieurs fois dans l'année, sur des échantillons hydriques prélevés au niveau des principaux points d'eau de la région ou au niveau des sites privilégiés de noyade.

Sous réserve du respect de cette méthodologie, la technique limnologique peut à l'heure actuelle être considérée comme le meilleur marqueur individuel de la noyade vitale.

Utilisable sur tout cadavre immergé elle est particulièrement intéressante dans certaines situations délicates :

o      Corps extrêmement putréfiés (les diatomées sont insensibles aux phénomènes putréfactifs) ;

o      Corps squelettisé ou fragmenté (possibilité de rechercher les diatomées dans la moelle osseuse).

La principale limitation de cette technique est la noyade en eau d'adduction urbaine (ex : noyade en baignoire), en général très pauvre en diatomées.

 

IV.             Diagnostic de la noyade vitale

 

Tout cadavre retrouvé en milieu hydrique n'est pas forcément un noyé. En effet, la précipitation dans l'eau constitue un mode non exceptionnel de dissimulation ou d'évacuation d'un cadavre. Affirmer le caractère vital (ante-mortem) de la submersion revient à démontrer l'existence d'une inondation des voies respiratoires en rapport avec l'inhalation active du milieu d'immersion.

Ce diagnostic est l'un des plus difficiles en médecine légale et de nombreuses méthodes, de valeur très inégale, ont été proposées depuis plus d'un siècle : constatations de l'examen externe et de l'autopsie, histologie, méthodes biochimiques, méthodes biophysiques, limnologie (= diatomées).

Ø    La présence dans les plèvres  d’une abondante sérosité sanguinolente, transsudée du poumon, qu’on peut mieux mettre en évidence par artifice de congélation (cadavre maintenu à-100c, on peut observer la présence de cristaux dans la plèvre viscérale)

Ø    La présence de l’eau dans l’estomac.

Ø    La persistance de la congélation trachéale.

Ø    Des saillies emphysémateuses de la surface pulmonaire.

Ø    L’existence de planctons dans les ultimes ramifications bronchiques.

Ø    Et surtout la présence de diatomées dans la moelle des os longs où la seule circulation sanguine a pu les conduire.

 

VI. Problèmes médico-légaux

1. Identification

o      Les objets personnels facilitent l’identification mais ils peuvent faire défaut.

o      La formule dentaire a permis des reconnaissances dans quelques cas de sujets possédant une fiche dentaire.

o      Autre mode d’identification : les empreintes digitales ; l’épiderme macéré de la pulpe peut donner après préparation, des empreintes utilisables.

2. Estimation de la durée du séjour dans l’eau
Elle repose sur l’appréciation de l’importance de la putréfaction, l’existence de l’adipocire et les incrustations calcaires.

3. Forme médico-légale de la submersion

o      La réponse résulte autant des données de l’enquête que des données de l’autopsie. Les problèmes sont souvent très difficiles. Dans les suicides complexes, on peut dans certains cas, conclure que tel ligotage ou telle plaie ne peut être le fait du noyé lui-même.

o      La distinction entre plaies ante mortem et plaies post mortem s’avère par contre d’autant plus difficile que le séjour dans l’eau a été prolongé, les ecchymoses perdant lentement leur caractère d’organisation intra-tissulaire sous l’influence de l’imbibition et de la putréfaction. Au niveau du cou, zone d’examen délicate du fait de la putréfaction (sillon) et d’une hypostase fréquente, l’intégrité du larynx reste le plus sûr témoin de l’absence de violence.

o      Les plaies par hélice réalisent des plaies parallèles au niveau du crâne, elles peuvent simuler des coups de hache. Leur parallélisme, leur localisation aident au diagnostic.

o                 Quant aux grands délabrements accidentels par les portes des écluses, ils ne peuvent être confondus avec les dépeçages criminels aux sections plus ou moins « raisonnées ».
4. Diagnostic de submersion vitale
La disparition, du fait de la putréfaction, des traces de violence qui ont causé la mort et l’absence de critères certains de submersions vitales, en particulier pulmonaires, ont conduit à rechercher des critères indépendants de la putréfaction.

5. Délai post-mortem

Chez le cadavre immergé la détermination du délai post-mortem est toujours délicate et approximative. En pratique seule la méthode thermométrique  pourra être mise en œuvre, les différents abaques disponibles pouvant être corrigés dans le cas de cadavres immergés en eau stagnante ou courante

Chez le sujet putréfié il convient de bannir toute tentative de détermination du délai post mortem à partir de l'état de décomposition observé : la chronologie des changements cadavériques connaît en effet des variations interindividuelles absolument considérables,

o      En fonction de la température ambiante

o      Des caractéristiques du milieu liquidien (eau stagnante ou courante, pH, salinité, oxygénation,...),

o      Des caractéristiques du cadavre (taille, corpulence, causes du décès,...), de son incarcération éventuelle dans un habitacle fermé (voiture, malle),

o      Du délai écoulé après la sortie du milieu liquidien (accélération fréquente de la putréfaction après le repêchage)... En hiver un cadavre immergé dans un étang gelé pourra se conserver pratiquement intact pendant plusieurs semaines, sans signes notables de putréfaction.

 

6. Lésions post-mortem

Les cadavres immergés présentent très souvent des lésions contuses d'importance variable, pouvant aller de simples plaies superficielles jusqu'à des délabrements majeurs avec amputations multiples voire fragmentation du corps. La plupart de ces lésions sont

Postérieures au décès et résultent de l'action des nécrophages et prédateurs (poissons, corbeaux, rongeurs...) ou des différents obstacles (hélices de bateau, portes d'écluse...) que le corps va rencontrer notamment en eau courante. Il importe néanmoins de ne pas les confondre avec d'éventuelles lésions ante-mortem, pouvant éventuellement orienter vers une origine criminelle du décès.

o      Chez le cadavre frais, un examen minutieux des lésions par un opérateur expérimenté permet souvent de rétablir le diagnostic : les plaies d'amputation irrégulières et très délabrantes des coups d'hélice s'opposent aux sections plus franches observées dans les dépeçages criminels (l'inspection des surfaces osseuses ou cartilagineuses en regard des traits de section est fondamentale, au besoin elle sera complétée d'un examen microscopique), les plaies peu profondes à bords festonnés, occasionnées par les rongeurs sont souvent aisées à différencier de lésions par arme blanche. Les signes de vitalité (témoignant du caractère ante-mortem) doivent être recherchés au niveau de toutes les lésions, tout en sachant qu'estimer le caractère hémorragique ou non d'une plaie est difficile dans le cas d'un corps ayant séjourné en milieu hydrique ; au moindre doute il conviendra de pratiquer des prélèvements multiples au niveau des berges des blessures, et de demander la réalisation d'investigations anatomo-pathologiques complémentaires.

 

o      Chez le cadavre putréfié, les remaniements des blessures liés à la décomposition rendent souvent très aléatoire l'appréciation de leur caractère ante- ou post-mortem ; l'examen microscopique n'est généralement d'aucun secours ce qui ne dispense pas de la pratiquer.

 

o      Dans de nombreux cas il sera prudent de ne pas conclure.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

 

 

 

Un cadavre frais retrouvé en milieu hydrique pose souvent de délicats problèmes d'interprétation, un cadavre putréfié en pose toujours.

C'est dire l'importance d'une méthodologie rigoureuse qui dans tous les cas doit associer :

- Un repêchage du corps en la présence d'un médecin légiste

- Un examen externe et radioscopique complet ;

- Une autopsie médico-légale avec réalisation de prélèvements à visée toxicologique et histopathologique (systématiquement), odontologique et génétique (éventuellement) ;

- Une recherche qualitative et quantitative des diatoméess dans les prélèvements tissulaires et hydriques.

 
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